Dimanche 12 avril 2020
"Je paniquerai quand je n'aurai plus de savon pour me laver les mains." – Y Vân Vuong #lesbonsmotsdeVan
Bon sérieusement, lavons-nous les mains, restons chez nous. Ne lâchons rien, ce serait bête d'avoir une seconde vague, je ne veux pas de "
Tout ça pour ça".
Faisons-le pour nous, faisons-le pour nos proches, faisons-le pour notre personnel soignant.
Contrairement à ce qu'on entend partout, les soignants ne sont pas en première ligne : en vérité, ils sont en bout de chaîne, ils sont la dernière ligne de défense. Ils interviennent quand toutes les autres mesures ont échoué et que nous attrapons ce fichu virus. La première ligne, c'est nous, ce sont les gestes barrières, c'est la distanciation sociale, c'est rester chez nous.
Cet excellent article de blog en anglais écrit par ScriptMedic qui travaille dans un service de soins intensifs à New York le décrit très bien :
Lire l'article de Tati Scripty sur Tumblr
En attendant, portez-vous bien et à bientôt ^^
Mercredi 08 avril 2020
"Pourquoi manger des pâtes au p'tit déj' quand on peut avoir de la pizza ?" – Y Vân Vuong #lesbonsmotsdeVan #lebonsensdePoissonLune
Mercredi 1er avril 2020
"Quand je ne trouverai plus de farine pour faire du pain, je mangerai des pâtes au p'tit déj'." – Y Vân Vuong #lesbonsmotsdeVan
Dimanche 29 mars 2020
"Jamais je n'ai été aussi contente de voir une bouteille de lait de ma vie." – Y Vân Vuong #lesbonsmotsdeVan
Mercredi 25 mars 2020
Confinement, jour 10
10 jours de confinement, ça use : les distances, l'interdiction de sortir (qui aurait cru que je dirais cela un jour !), le lavage de mains toutes les heures, le cauchemar du supermarché, rassurer tout le monde car je ne suis pas 100% en télétravail, etc... Même si la lassitude se fait sentir, je l'avoue.
J'en ai marre d'avoir les mains toutes sèches.
J'en ai marre de manger mes céréales sans rien.
J'en ai marre d'avoir PEUR de me rendre au supermarché.
Pourtant je persévère dans les gestes barrières avec détermination, d'autant que je continue de travailler deux jours par semaine à l'usine.
Parce qu'au fond, tout ça, ce sont des problèmes de pays riches. Nous sommes dans
l'abondance : j'ai des céréales pour commencer et le lait, c'est du confort. J'en ai plus depuis une semaine ? Beh je fais sans et je souris parce qu'il y en a qui n'ont même pas accès à l'eau courante et qui ne mangent pas à leur faim.
"La discipline, c'est choisir entre ce qu'on désire maintenant et ce que qu'on veut vraiment."– Lincoln
Ce que je veux vraiment :
- qu'il y ait le moins de victimes possible parce qu'un décès c'est déjà dur et si en plus tu peux même pas te rendre aux obsèques, c'est vraiment un déchirement que personne ne devrait vivre.
- que tous les malades, surtout les plus vulnérables, puissent se faire soigner.
- que le personnel soignant ne soit pas obligé de faire des choix cruels.
- que le confinement se termine le plus tôt possible.
Je ne peux pas empêcher les gens de sortir, je ne peux pas les empêcher de mettre les doigts sur leurs masques jetables, je ne peux pas les empêcher de faire 700 euros de courses, par contre, je peux :
- garder mon calme, comprendre que la transmission du virus se fait a/ de personne à personne b/ de matériel à personne.
- appliquer les gestes barrières qui sont efficaces : me laver les mains à l'eau et au savon pendant au moins 30 secondes, tousser dans mon coude, jeter les mouchoirs à usage unique, bis repetita.
- garder mes distances.
- ne pas utiliser de masque si je vais bien.
- acheter juste ce dont j'ai besoin au supermarché pour ne pas contribuer au syndrôme du rayon vide.
- rester chez moi autant que possible.
Je ne veux pas perdre mes proches, personne ne veut perdre ses proches. Je le fais pour moi, je le fais pour nous. Étant donné que je sors travailler, je redouble de vigilance dans la rue et dans les transports.
" Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde " – Gandhi
Hors de question de céder à la panique et d'adopter des comportements égoïstes, sous prétexte que si c'est pas moi, ce sera un autre. Ce n'est pas le monde dans lequel je veux vivre. L'idéal auquel j'aspire, j'attends pas qu'il me tombe dessus, je le construis. Je fais ce que je pense juste, j'essaie d'être le meilleur être humain que je peux. Je ne force personne à m'imiter, toutefois, mon attitude peut inspirer une autre personne, qui en inspirera une autre et ainsi de suite.
M'écrire pour partager votre pensée
Dimanche 22 mars 2020
Confinement, une semaine après
De mon côté, mon quotidien change peu : j'ai pas peur du méchant virus et je bosse toujours 2 jours par semaine à l'usine car dans l'agroalimentaire, en prenant mes précautions bien évidemment (je suis pas encore Wonder woman). Je partage la vision de notre patron que les bonbons et les chocolats, c'est pas nécessaire mais c'est un des rares réconforts quand on doit rester chez soi et c'est important de continuer, en faisant attention à soi et aux autres.
Jeudi, pour ma première sortie en temps de crise, pas un chat dehors et en plus je suis en horaire décalé : mon collègue finit à 11h00 le matin donc j'arrive sur les coups de 10h20, cela limite les contacts.
Le travail, version salariat
Ma surprise en arrivant : SEULE AU MONDE. Vous savez ce que ça veut dire ? Tous les koalas en guimauve pour moiiiiiiiiiiii, youuuuuuuuuuupiiiii 🎉🎉🎉 En me désinfectant les mains au gel avant d'ouvrir la boîte heing.
À la base, je me lavais déjà les mains en entrant dans les bureaux car j'arrive des transports en commun (et on nous propose à toute heure des choses à manger avec les doigts alors je prenais déjà pas de risques). Même si je suis toute seule, je me lave les mains régulièrement car les surfaces peuvent être contaminées.
Je communique toute la journée par mail avec ma collègue et ma chef qui sont en télétravail. Les collègues du HSE prennent notre température à l'entrée de l'usine, ils portent des protection et tout et tout. À la cantine, une chaise sur deux a été enlevée pour qu'on soit en quinconce et pas face à face, marquages au sol pour la queue. Jeudi, très peu de fréquentation, nous avons pris nos aises : une table de 4 personnes chacun, en quinconce pour papoter un peu quand même. J'amène mon manger pour limiter les contacts, le personnel du restaurant portent masque, gants et manipulent même les aliments avec des pinces quand c'est possible. Après, le micro-ondes partagé, c'est peut-être pas si sûr, je me demande.
Quoi qu'il en soit,
je me sens soutenue et en sécurité, je nous sens tous attentionnés et solidaires malgré l'adversité.
Le travail, version entreprenariat
Quant à mon Poisson-Lune, c'est chômage technique. J'avoue que j'aime bien l'avoir à la maison avec moi comme ça. Un, parce qu'il est trop mignon, et deux parce que cela me permet de travailler à mon rythme. Quand je suis pas à l'usine, ma journée typique ressemble à ça :
- Matin : une ou deux tâches ménagères, distraction
- Après-m' + nuit : Boulot
- Repas : 12h00 puis 19h00
- Sieste (option) : 13h00-15h00
Quand il bosse, il rentre à la maison quand ma journée démarre et il réclame que je m'occupe de lui, ce qui est naturel. Là, je m'occupe de lui le matin, du coup il me laisse travailler le reste de la journée et ça m'arrange bien.
Les transports en commun
Hormis mon entreprise, pas de télétravail pour moi, je vais au bureau lundi jeudi, comme avant. Mes collègues à l'informatique suent déjà à grosses gouttes pour permettre à mes autres collègues de travailler de chez eux. Créer un accès sécurisé en plus, franchement, pour 2 jours par semaine jusqu'au 30 avril, je trouve que c'est mobiliser beaucoup de ressources pour pas grand-chose. Je me sens en sécurité de circuler dans la rue et dans le bus, j'évite métro et tramway car bien plus fréquentés. Et ça va. Tant qu'il ne s'agit pas de se ravitailler, les gens sont civilisés et gardent leurs distances.
Le ravitaillement (attention, paragraphe anxiogène)
Vous avez remarqué que je ne dis pas "
les courses", n'est-ce pas ? En effet, samedi je suis sortie au supermarché pour la première fois depuis l'annonce et c'est la GUERRE, on s'est fait gruger comme PAS POSSIBLE. On était là depuis 2 minutes que le sens de la file a changé "pour permettre aux voitures de passer". Au départ, la queue tournicotait dans le parking pour les distances et à la fin, on était collés les uns aux autres à l'entrée du parking donc on gênait encore plus, bravo ! Au lieu d'une heure pour rentrer dedans, on a estimé qu'il y en aurait pour 3 heures, mon Poisson-Lune a pété un steak et on est repartis, bredouilles.
Sur la route, nous avons aperçu le marché de plein air où je prends habituellement mes œufs, par hassard. Mon Poisson-Lune s'est garé, nous avons pu acheter nos légumes frais. La petite supérette chère au coin de la rue avait du fromage râpé (ouiiiiiiiiiiiiiiii) mais plus de lait ni de farine. Pour faire de la pizza et des pains à hot dog, je suis bien embêtée car nous avons déjà les knackis...
Le rationnement
Avant de vivre ensemble, mon Poisson-Lune cuisinait déjà beaucoup car il a des allergies alimentaires bizarres : céleri et ail, très présents dans les préparations industrielles, et aussi banane, crevettes, noisettes et levure de bière. Moi je cuisine parce que je suis radine (les plats préparés, ça coûte cher).
Depuis qu'on vit à deux, ça ne change pas et depuis que je lui ai appris à faire du pain sans pétrir, il m'en fait régulièrement. Et oui : il le fait bien mieux que moi ! Je fais attention à mes portions par habitude et je pèse une partie de mes aliments (genre, pour pas me retrouver avec 25 grammes de pâtes quand je finis le paquet et que j'ai pas envie de reprendre exactement les mêmes). Mon Poisson-Lune et moi n'avons pas de micro-ondes et nous avons un petit frigo pour deux, nous faisons en sorte de ne pas avoir de restes.
Là, nous n'avons
plus de lait depuis 3 jours je suis inquiète : j'en suis à compter mes grains de
farine car je ne sais même pas si nous en aurons prochainement. Nous voulons éviter de sortir à la boulangerie trop souvent et si nous ne trouvons pas de farine, ben on l'a dans le baba. *
mangeuse de pain*
Le
riz, il y a tout ce qu'il faut et les
pâtes, plus qu'il n'en faut : tandis que le coronavirus ne s'était pas encore propagé sur le territoire, mon Poisson-Lune et moi avons profité d'une offre 2+1 gratuit chacun de notre côté. En temps normal, nous ne stockons pas du tout, c'est juste qu'on n'a pas trouvé utile d'en parler à l'autre ce jour-là x'D Et pour 3 euros d'épicerie sèche non périssable, pas de quoi en faire un drame. Donc, nous avons 3 kilos de pâtes et nous en mangerons au p'tit déj' quand on n'aura plus de solution pour le pain.
Je n'ai pas peur de sortir, j'ai peur de l'incivilité
Culturellement, en Europe, il n'est pas coutume de porter un masque quand on est malade. Or, lorsque nous avons brièvement fait la queue au supermarché, j'ai constaté beaucoup de masques, dont la jeune fille derrière nous et qui nous collait dangereusement. Elle n'avait pas l'air de tousser des masses; en comparaison, moi quand j'ai la bronchite (et c'est 6 mois par an), c'est festival.
Je pige pas :
si t'es malade, tu restes chez toi, si t'es pas malade, tu voles pas un masque aux personnels soignants.
Le masque ne te protège pas toi, il protège les autres. Et pour info, un masque chirurgical, il y a une manière de le mettre, une manière de l'enlever et ce que vous ignorez peut-être, une manière de le
jeter.
Pareil dans la queue chez l'artisan boucher :
- Une personne âgée rechignait à faire la queue tout en zigzagant entre nous avec son chien en laisse. Elle sous-entendait qu'on allait lui piquer sa place. C'est ça la France : tu as peur que les autres te piquent la place alors sous ce prétexte tu piques la place toi-même, y'a ZÉRO confiance.
- Une deuxième a menacé de sortir sa carte d'invalidité "Moi je sors ma carte et je passe devant tout le monde si je veux !" (ben sors ta carte et arrête d'envoyer des ondes négatives à tout le monde par pitié)
- La troisième, qui n'avait peut-être plus toute sa tête à sa décharge, a attendu au début de la file et répondait "oui oui" quand on lui demandait de faire la queue, tout en restant sur place. Un gentil monsieur 3 places devant moi l'a laissée passer pour mettre fin à la situation (et qu'elle s'éloigne de nous).
Ces personnes se sont agglutinées derrière moi pour faire leur cirque et je n'ai pas osé dire quoi que ce soit : je fais pas mes presque 40 ans et je suis typée asiatique, on aurait pu me dire de rentrer dans "
mon pays".
Comme le disait justement une dame devant moi,
la situation révèle la nature des gens. Ces dames âgées seraient arrivées en disant : "
J'ai la jambe dans une atèle, est-ce que je peux passer ?" ou "
Voici ma carte d'handicapée/station debout pénible, puis-je passer ?", oui, un grand OUI, nous les aurions laissées passer ! Ce que je leur reproche, c'est leur
attitude passive aggressive qui met les nerfs de tout le monde en pelote, dans un environnement déjà anxiogène.
Coups de gueule autorisés à condition de dire merci ❤
- Merci au monsieur après moi dans la queue d'avoir rappelé le mètre de distance car je me sentais VRAIMENT en danger à côté de ces 2 personnes âgées qui caquetaient
- Merci aux 3 personnes devant moi dans la queue pour le boucher, très sympatiques et qui conversaient chaleureusement
- Merci à l'artisan boucher et à sa femme d'avoir fait le déplacement, merci pour leur sourire. Sa femme disait qu'ils étaient venus, sans savoir s'il y a aurait quelqu'un. Oh lala, il y a la queue quand y'a pas confinement, vous pensez !
- Merci à tous mes amis d'avoir répondu et d'avoir donné des nouvelles, je suis soulagée d'entendre que vous allez bien ❤
- Merci à ma chef et à ma collègue Florence pour leur gentils messages ❤
- Merci à mon Poisson-Lune d'être avec moi H24 et de me supporter quand j'ai mes ragnagnas ❤
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